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State Children- Bomb Shelter for Moneymaking! flexi (More 04)

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Le flexi noir, une face, de State Children, enregistré en Octobre 1984, est l’un des disques le plus obscurs de cette liste de perles noise-core. Aujourd’hui, c’est sans aucun doute celui qui vaut le plus cher sur le marché des collectionneurs de disques. Il y a six ans, personne en dehors du Japon ne connaissait ce disque. Dans les années qui ont suivi, une poignée de collectionneurs et de zineux (dont je fais partie), ainsi que des groupes comme Atrocious Madness ou Lebenden Toten, ont décuplé le statut légendaire de ce disque. Début 2007, une compilation LP bootleg où figurait le flexi est sortie ; à peu près au même moment, une réédition officielle du flexi a été annoncé au Japon. Plus récemment encore, “Do You Support the Invation of Gurenada?”, la démo extrêmement rare du groupe, est apparue en mp3 sur un blog musical. (Lors d’un voyage au Japon en 2002, j’ai vu cette démo cassette posée sur une étagère du magasin Record Boy à Tokyo, mais quand j’ai demandé si je pouvais y jeter un œil les propriétaires m’ont aboyé dessus).

Dans un sens, je peux comprendre la convoitise que provoque ce disque. On y trouve l’anglais fauché le plus charmant de tous les disques japonais des années 80. L’artwork austère de la pochette est génial (même si la qualité pourrie du papier fait qu’il est difficile de trouver une copie en bon état). Clairement, le disque est rare. Et la musique navigue vers le noise-core le plus cinglé de tous les temps, surpassant Gai dans la catégorie « extrêmement basique », avec un son de guitare aveuglant et le chant d’une personne ayant perdu ses esprits. Mais toutes ces qualités se cachent derrière un son qui ne me paraît pas particulièrement facile à appréhender, ce qui fait que le collectionneur de base, à la recherche d’un disque rare rempli de morceaux furieux, serait probablement déçu par ce qu’il tirerait de ce disque.

Le disque commence par une explosion, suivie par des sirènes et une voix annonçant ce qui semble être un ordre d’évacuation en Japonais. Un feedback fin, aiguë, s’élève de derrière les sirènes. Rapidement commence une ligne de basse hautement basique, accompagnée des déclamations d’un gang de lunatiques qui hurlent, miaulent, braillent, meuglent et grognent pendant plus ou moins 20 secondes. J’ai l’impression qu’ils essayent d’exprimer la folie profonde que leur inspire la guerre nucléaire. Ou peut-être que payer $500 pour ce flexi est encore plus taré que la guerre nucléaire.

Une fois que la musique commence pour de bon, l’affaire devient gentiment indigne. Des gorges qui se déchirent, des cris à en avaler le micro, une guitare rappelant le vrombissement d’un moustique, et une batterie et une batterie caverneuses, visiblement achetées en solde. Je pense que le batteur, Zero, a hérité de son surnom quand les autres membres du groupe ont calculé le nombre de changements de tempo dont il était capable au meilleur de sa forme. Je mets quiconque au défi de discerner le moindre des riffs. Seule la basse a l’air de changer de note, une fois de temps en temps. Franchement, ça doit être dur à croire mais, malgré toute cette cacophonie, les « chansons » sont mémorables. Personne ne confondrait State Children avec Confuse ou Gudon.

State Children, contrairement à nombre d’autres groupes japonais de l’époque, avaient l’air d’avoir de vraies croyances politiques. Leur sentiment pacifiste apparaît comme allant plus loin que de simples slogans, même si leur musique est loin de faire passer clairement ce message. Tout de même, ils ont l’air plus politisés que Gai ou même Confuse. Un court texte sur le groupe, datant d’avant la sortie de ce flexi, ainsi que les textes d’une chanson, et une note du bassiste Death (contenant un seul mot anglais : « Lydon »), ont été publiés dans le premier numéro d’un fanzine japonais intitulé 100 Club. Ce zine est clairement anti-guerre, et inclus un article parlant de diverses campagnes de désarmement à travers le monde. Je ne peux pas lire le japonais, mais le texte sur State Children semble nous éclairer sur quelques détails : le groupe a eu au moins deux batteurs différents durant son année et trois mois d’existence ; l’existence de deux cassettes est mentionnée ; le flexi devait à l’origine s’intituler « Fighting for Power Politics » ; et ils étaient influencés par Discharge, Crass, et Disorder (ha bon ?).